Les quartiers lointains de Surabaya
Une fois n'est pas coutume, c'est grâce à un magnifique article paru dans Canard PC que j'ai découvert A Place for the Unbound , un jeu édité par Mojiken, un studio de dev indé basé à Surabaya (lire: En Indonésie, les jeux narratifs font la Java - Canard PC). Typiquement le genre de jeu qui, dès le lancement, me fait instantanément oublier le monde qui m'entoure et noue quelque chose dans mes tripes en même temps qu'il régale mon âme par sa beauté profonde. Un peu comme le jeu de Yakuza Fading Afternoon, dont il partage la beauté de son pixel arts et la musique nostalgique, A Space for the Unbound m'émeut et instille en moi la profonde et exotique nostalgie de l'orient.
Atma & Raya
Atma est le lycéen que j'aurais aimé être: beau, courageux, rebelle, flegmatique et loyal envers sa petite copine, Raya. Notre héro met la main sur un livre qui lui permet de rentrer dans l’esprit des gens. Quant à Raya, elle a le pouvoir de modifier la réalité qui l'entoure comme elle le souhaite. Nos deux tourtereaux partagent la passion des chats, qui pullulent dans leur ville (village? difficile à dire). C'est leur dernier été avant l'âge adulte, avant que le poids des responsabilités de la vie ne s'abattent sur leur enfance. Déprimant? Pas vraiment, car la ville regorge de mystères et d'aventures qui sont autant de raisons pour nos deux amis d'utiliser leurs pouvoirs.
Retour à l'adolescence
En me permettant d'incarner Atma, c'est un peu comme si les devs m'avaient donné une nouvelle chance de vivre cette période parfois difficile qu'est l'adolescence. Tout comme le héro de Quartiers Lointains de Taniguchi, c'est avec mon cœur d'adulte que je m’immisce dans ce monde parallèle d'un temps révolu où, quoi que je fasse, le destin semble déjà tracé. Botter les fesses des petites frappes du quartier, avoir le courage de sécher les cours et d'inviter Raya au cinéma: je n'aspire pas à plus. On est pas dans l'Amour Ouf, juste dans la vie d'un jeune garçon plutôt bien dans sa peau, qui ose vivre sa vie en suivant son cœur.
Coup de foudre et de pixels
Le pixel-art est beau, on ne peut qu'admirer le travail sur la lumière et ses ombres qui viennent s'imprimer en douceur sur les personnages à l'écran. Le jeu est plutôt facile, ce qui me convient très bien. Moi qui suis allergique aux chats, je prends un grand plaisir à tous les caresser et à leur donner un petit nom gâté, comme on dit chez moi. Truffé de mini-jeux à la Wario War, Inc, accompagné de douces mélopées dont de la pop Indonésienne bien old-school, ce jeu est un ravissement traduit intégralement en français, et j'ai même repéré un joli clin d'oeil à Earthbound. Vous m'en direz des nouvelles.
